Dans ce drame aux couleurs vibrantes, le célèbre cinéaste espagnol dépeint la vie d’un réalisateur autant amateur d’art et de belles lettres que de psychotropes et d’héroïne sur le tard. Engagé sur une longue descente étouffée de spleen, ce réalisateur à la santé mentale et physique fragile entame son douloureux chemin de croix alors que la gloire semble vouloir le sacrer roi du 7e Art. Une couronne d’épines bien trop lourde à porter ?
Salvador Mallo, iconique réalisateur de Sabor (« Saveur ») vit, depuis le décès de sa mère, une très mauvaise passe. Alors que sa santé est au plus bas, il doit reconnecter avec le monde du cinéma pour présenter à nouveau ce film qu’il exècre, infiniment déçu de la prestation de son personnage principal incarné par l’acteur Alberto Crespo. À la suite d’un revisionnage, près de trente-deux ans après sa sortie, Salvador se laisse convaincre et concède à participer à une conférence pour évoquer son film. Il reprend alors contact avec son acteur qui l’initie à l’héroïne.
Ponctué de références autobiographiques, « Douleur et Gloire » donne à voir tant les affres de la vie d’un réalisateur, d’un artiste accablé aussi bien par le monde qui l’entoure et qu’il ne peut contrôler que par son propre monde imaginaire et créatif, insaisissable et enveloppant. Salvador Mallo, joué avec beaucoup de justesse par Antonio Banderas, est un personnage somatique et somatisant ses moindres appréhensions au monde. La question de la douleur, intimement liée au temps qui passe et à la dégradation du corps, se mêle à une esthétique chatoyante servant de refuge à cet homme à la souffrance contenue et auto-engendrée. Un certain érotisme imprègne des scènes baignées de lumières chargées en symboles bibliques : la révélation sensuelle de Salvador face au corps de l’éphèbe, la mère (incarnée par Penelope Cruz) en madone, l’acteur se rachetant aux yeux du réalisateur comme un fils prodigue…
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