Au lendemain de la Première Guerre mondiale, en France, comme en Allemagne, les familles tentent de faire leur deuil. Un jeune Français se recueille sur la tombe d’un soldat allemand. La fiancée de ce dernier le surprend et l’invite dans la famille éplorée du jeune homme tombé au front quelques mois plus tôt…
François Ozon nous entraîne sur les sentiers du deuil, pavé d’élans mélancoliques tout en nuances de gris, d’éclats nostalgiques et de doux retours à la vie teintés d’espoirs. Adrien Rivoire, ancien appelé de 24 ans, venu visiter la tombe de Frantz Hoffmeister, qu’il présente en ami sacrifié comme tant d’autres jeunes hommes dans cette guerre insensée, est accueilli, d’abord avec réserve, puis avec pudeur, tel un fils prodigue dans une famille meurtrie. Quand se mêlent envie de vengeance, désespoirs et nouveaux émois, Adrien doit quitter cette famille aimante et surtout Anna, la douce fiancée de Frantz. Frantz (comprenez “France” prononcé à l’allemande) conjugue deux langues sœurs, qui s’aiment et se déchaînent, communion de deux nations coupables de fratricides qui peinent à se pardonner. Frantz est impalpable, un souvenir tantôt douloureux tantôt une ombre rassurante qui nous enveloppe. Les horreurs de la guerre sont évoqués avec sensibilité, loin de tout apitoiement ou misérabilisme. Pierre Niney et Paula Beer sont particulièrement justes et touchants, soufflant les délicats vers de Verlaine : “Les sanglots longs des violons de l’automne blessent mon cœur d’une langueur monotone. Tout suffocant et blême, quand sonne l’heure, je me souviens des jours anciens et je pleure”…
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