Un conte dostoïevskien dans les steppes d’Anatolie, un film à la fois froid et intimiste. C’est certainement le meilleur moment pour voir cette pépite avant de découvrir le nouveau film du même réalisateur présent à l’édition 2023 du Festival de Cannes.
Le cinéaste nous bouleverse avec sa maîtrise du temps et du cadre, fondement même du cinéma. Un tueur revient sur comment il a commis ce crime, mais il n’est pas le seul à devoir faire face à son jugement. Tout le monde passe devant le jury, même nous spectateurs. C’est un film qui, loin de n’inviter qu’à la contemplation, exige une certaine patience pour réussir à s’imprégner du charme et de l’atmosphère que le cinéaste impose. On ne peut ensuite que se délecter de la beauté de la cinématographie, bien loin d’une image figée de « carte postale », ainsi que de la finesse du développement des personnages et de l’intrigue.
Nuri Bilge Ceylan est devenu, au fil des années, le réalisateur de référence du cinéma d’« auteur » en Turquie et partout dans le monde, et à juste titre. « Auteur », un mot usé pour désigner le cinéma qui n’est pas blockbuster, semble trouver ici ses lettres de noblesse : un réalisateur qui se distingue par son dévouement à son style et son choix du sujet. Il n’est néanmoins pas passé inaperçu, tout au contraire, Ceylan est un « darling » des festivals, il compte déjà pléthore de prix Cannois, Berlinois et bien plus encore… Et c’est bien mérité !
