Emmanuelle Bercot aborde dans ce drame le portrait d’un jeune délinquant au parcours tumultueux. Le rôle de l’adolescent est incarné par Rodd Paradot, rôle qui lui a permis d’obtenir le César du meilleur espoir masculin en 2016.
Dès les premières minutes, le film transporte le spectateur dans un climat de violence. Malony, à peine âgé de 6 ans, se fait abandonner par sa mère, le laissant avec ces derniers mots : « c’est un boulet pour tout le monde ce gosse ». Dix ans plus tard, on retrouve cet « enfant-adolescent » qui a grandi avec les services sociaux. Il est livré à lui-même, violent et enchaîne les infractions. À travers la retranscription des allers-retours en centre éducatif renforcé ou fermé, le film livre le quotidien de ce jeune confronté à l’abandon de ses parents et à la difficulté de s’insérer au sein de la société lorsque l’on est privé d’attaches.
À la manière de Loach, la réalisatrice enferme son personnage dans une sorte de fatalité mais en cherchant l’issue entre une mère toxique et une juge droite, parfaitement interprétée par Catherine Deneuve. En quête de rédemption, les relations qu’il entretient avec la juge des enfants mais également avec l’éducateur poussent à une réflexion sur l’éducation des enfants confiés aux services sociaux. Comment se substituer aux géniteurs et parvenir à représenter une certaine forme de parentalité ? C’est la dure tâche des éducateurs dont la réalisatrice fait le portrait en mettant en avant leurs qualités d’écoute tout en questionnant les limites du système d’accueil de ces enfants.