Encouragée par son mari impuissant à lui donner un fils quoi qu’il en coûte, une jeune lady décide de faire de sa liaison avec leur garde-chasse un acte émancipateur et résolument vivifiant !
Constance « Connie » Chatterley, brillamment interprétée par Emma Corrin (The Crown) et son mari Sir Clifford Chatterley (Matthew Duckett) célèbrent leur mariage alors que la Première Guerre mondiale fait rage. Revenu du front impotent et impuissant, il suggère à sa femme d’avoir une liaison avec un homme afin qu’ils aient un enfant malgré tout. La jeune et intrépide Lady Chatterley s’entiche alors de leur garde-chasse Oliver Mellors (Jack O’Connell).
Un film en costume à la lumière aussi glacée que le regard azur de sa protagoniste et la campagne anglaise figée, écrin du domaine des Chatterley. Bien qu’il comporte de nombreuses scènes érotiques, l’histoire conserve une forme de pudeur (mais pas de pudibonderies) des plus britanniques où les sentiments se taisent. Adapté du roman de D. H. Lawrence, cette œuvre, plus que de narrer les aventures extraconjugales de la vie d’une lady au quotidien bien ennuyeux, présente les rapports de force qui se jouent entre les domestiques et leurs maîtres, entre le prolétariat et les classes dominantes. On peut y déceler une puissante lecture féministe se rapprochant des lectures matérialistes promptes à rejeter aussi bien le patriarcat que le capitalisme. Le rapport de force instauré entre Lady Chatterley et son garde-chasse est d’ailleurs quelque peu dérangeant au début puisqu’il ne peut finalement résister à l’emprise et aux désirs de sa maîtresse, qui reste sa patronne…Une héroïne s’inscrivant dans la lignée d’Emma Bovary (Flaubert) et d’Anna Karénine (Tolstoï) qui inspirera les amateurs de récits de femmes… porté à l’écran par une femme ! Un female gaze des plus appréciables qui montre sans détour la violence de classe.
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