Une véritable déclaration d’amour au cinéma italien ou plutôt aux nostalgiques des grandes heures du septième art de la grande botte des années 60 et 70.
Nanni Moretti signe un film qui oscille aisément entre comédie, tranche de vie et critique sociale. Au début des années 2000, le producteur de films de seconde zone, Bruno Bonomo connaît une grande crise existentielle alors que tout semble s’effondrer autours de lui : sa société de production est sur le point de mettre la clef sous la porte, son mariage se termine et ses amis lui tournent le dos… Lors d’une rétrospective sur ses films de série B, une jeune femme lui remet un scénario dénonçant les décennies de pouvoir et de corruptions de Silvio Berlusconi, intitulé « Le Caïman ». Sans le lire, Bruno donne sa confiance à la jeune femme et tente de produire ce film socio-politique bien éloigné de son style habituel…
Entrecoupé de scènes plus ou moins fantasmées du « Caïman », dans lesquelles Nanni Moretti prête lui-même ses traits au célèbre homme d’affaire et politicien dans la dernière scène, on s’attache rapidement au personnage un brin lâche et anti-héros de Bruno, magnifiquement interprété par Silvio Orlando. Celui-ci rappelle le rôle-titre de Lester Burnham dans American Beauty de Sam Mendes, un homme entre deux âges qui décide, enfin, de prendre en main le cours de sa vie en renouant avec ses rêves de jeunesse.
En compétition officielle au Festival de Cannes en 2006 puis multi récompensé aux David di Donatello Awards la même année, Le Caïman se distingue surtout par la qualité de ses dialogues et a le mérite de dépeindre avec justesse les affres de la politique berlusconienne tout en rendant compte des difficultés rencontrées par les petites sociétés de production.
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