Agnès Varda est bien sûr elle-même une glaneuse. Elle glane les glaneurs. Et dans ce qui semble être un documentaire, elle dissimule une tendre méditation sur sa propre vie et sur la vie elle-même. Qui est cette femme ?
Depuis qu’en 1554, le roi Henri IV a affirmé le droit de glaner, la pratique est protégée par la constitution française, et aujourd’hui, les hommes et les femmes qui fouillent dans les poubelles et les marchés de Paris sont les descendants des glaneurs peints par Millet et Van Gogh.
La cinéaste chevronnée est nouvellement inspirée et dynamisée par la liberté que lui offre sa caméra DV. Le film est marqué par une fraîcheur juvénile, l’intégrité et la sympathie tant des images que du commentaire, alors que Varda nous emmène à Arras, Beaune ou Paris à la recherche de la nouvelle génération de glaneurs. Avec espièglerie, elle place un avocat en robe dans un champ cultivé, afin qu’il puisse déclamer sur l’article 12.26.10 du code pénal consacrant le droit historique de récupérer les restes de la récolte ; persuade une galerie d’art de déterrer un tableau de glaneurs de ses voûtes ; prend des conseils auprès d’un jeune chef étoilé Michelin qui glane des herbes pour son restaurant ; ou s’émerveille devant les tours totems d’un artiste russe nonagénaire spécialisé dans les « poubelles ».
L’artisanat du film est cependant le plus visible dans son montage, tissant une toile dense et variée de connexions avec peu d’efforts apparents. En tant qu’essayiste cinématographique, Varda n’est pas aussi brillamment spirituelle que Chris Marker, mais elle adopte une approche tout aussi désarmante – légère et fantasque, tout en étant informée par une scrupuleuse intelligence morale et politique.
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